Surentraînement : comment le diagnostiquer ?
ATTENTION AU SURENTRAÎNEMENT !
Que vous soyez sportif de haut niveau, amateur passionné ou simplement en pleine préparation de votre silhouette estivale, vous pratiquez probablement votre sport avec ardeur et nous ne pouvons que vous en féliciter !
Mais au-delà du « beaucoup » il y a le « trop », et il est de notre devoir de vous informer sur un mal trop peu reconnu : le surentraînement.
Le sport a 2 types d’effets sur l’organisme :
mécanismes adaptatifs (bénéfiques) et
dérèglement/lésions.
Si la préparation physique et l’entraînement sportif ont toujours un but constructif, l’amélioration de vos capacités physiques se décompose en réalité en une succession de
régression + récupération + adaptation au niveau supérieur.
Malgré le maintien de votre bonne volonté, il arrive que la récupération et l’adaptation ne soient plus assurées et c’est alors que le surentraînement pointe le bout de son nez.
Le surentraînement, du symptôme au syndrome
Tout entraînement se compose de 3 facteurs :
- Volume : c’est la « quantité » (nombre d’heures, fréquence…)
- Intensité : c’est la difficulté (Poids sur la barre, vitesse de course, nombre de répétitions…)
- Récupération : c’est le temps off entre 2 phases
Lorsque l’équilibre entre ces facteurs est maintenu les progrès se font, mais si un chamboulement vient rompre l’équilibre le symptôme du surentraînement commence à s’installer par étapes :
- Volume ou intensité tels que les perturbations deviennent trop importantes / période de récupération insuffisante
- Détérioration progressive
- Arrêt de la réponse efficace à l’entraînement
- Diminution des capacités d’ajustement à l’effort
Si cela se produit de manière chronique => syndrome de surentraînement
Les signes du surentraînement
La
chute de performance malgré le maintien des entraînements, accompagnée de la perte des « bonnes » sensations, sont les premiers signes du passage dans le surentraînement. S’ils perdurent, ils faut vous poser la question… et peut être répondre au questionnaire plus bas.
Parmi les signes principaux, on retrouve
l’envie d’esquiver l’entraînement (qu’on se l’avoue ou non). Celle-ci est bien sûr psychologique du fait de votre fatigue cumulée, mais aussi physiologique de par la réponse inflammatoire du corps qui sécrète des agents diminuant votre motivation pour vous inciter à vous reposer !
La sensation de
jambes lourdes, les
maux de tête, l’
anxiété, la
colère, la
fatigue et les
dérèglements du sommeil sont autant de signaux d’alerte qu’il faut aussi prendre en compte.
En fait, le surentraînement est le
« burnout du sport », c’est pourquoi il réunit les mêmes symptômes que celui-ci.
Au niveau physique, la perte de poids est souvent présente et notamment la
perte de masse musculaire due à un manque d’apport ou d’assimilation des protéines par rapport aux sollicitations musculaires importantes.
Le cœur bat plus vite au repos qu’à la normale et
vos défenses immunitaires chutent, expliquant tous les petits maux qui vous touchent soudain (rhumes, angines, indigestions…)
Du point de vue interne, les carences font foi et notamment la
carence en fer et en zinc, contribuant à la chute de performance.
Les hormones se chamboulent du fait d’un
dérèglement de l’hypothalamus, expliquant la colère potentielle et divers troubles de l’humeur.
Qu’est-ce qui déclenche le surentraînement ?
3 hypothèses principales ont été émises par les scientifiques du sport :
- Il serait dû à une dysfonction endocrinienne semblable aux dépressions endogènes et à la fatigue chronique (hypothèse délaissée aujourd’hui : la dépression et la fatigue sont des conséquences et non des causes)
- Il serait dû à un manque de substrat métabolique et nutritionnel :
- Baisse du glycogène musculaire (conséquence et non pas origine)
- Altérations du statut de certains acides aminés (glutamine : explication possible des désordres immunitaires, acides aminés à chaînes ramifiées et tryptophane)
Ces anomalies sont d’importantes portes d’entrée au symptôme mais n’expliquent pas tout.
- Hypothèse la plus probable à l’heure actuelle : le surentraînement est le résultat d’une inflammation musculaire modérée mais chronique entraînant :
- Trouble de l’humeur et dépression
- Troubles de la mémoire et de l’apprentissage
- Dérèglement de l’hypothalamus
- Altération du sommeil
- Altération des volumes liquidiens
- Sensibilités aux infections
- Etat catabolique, anorexie…
Elle rend bien compte de l’ensemble des éléments rencontrés dans ce tableau.
Comment diagnostiquer le surentraînement ?
Depuis 10 ans le groupe de consensus de la Société Française de Médecine du Sport a proposé un
questionnaire en 54 items et 3 échelles et qui s’avère être la méthode la plus fiable aujourd’hui pour détecter l’état de surentraînement.
On y distingue alors 3 types de sujets :
- Ceux qui cochent entre 0 et 6 items: sportif qui a essayé de biaiser le questionnaire (mentir) = zone de « bruit de fond »
- Ceux qui cochent entre 6 et 20 items
- Ceux qui cochent plus de 20 items: forte charge d’activité qui doit attirer l’attention de l’entourage et de l’encadrement.
Cochent alors
au-dessus de 20 items :
- Les sujets présentant des surentraînements avérés
- Les sujets maintenus en état de sollicitation intense mais non décompensée
- Les états dépressifs (diagnostic différentiel et porte d’entrée dans le syndrome)
Le questionnaire est informatif et utilisable
dès 10 ans.
De par sa conception ce questionnaire est plutôt réservé au
médecin du sport (items parfois assez médicaux comme l’absence de règles etc…) mais un questionnaire plus adapté pour être présenté par un
préparateur physique, un coach ou simplement un proche a été élaboré en ne gardant que 16 items, les plus représentatifs.
Vous trouverez ces 2 questionnaires en fin d’article.
Suite au questionnaire, le médecin procède à un interrogatoire pour
déceler tout changement survenu sur le rythme de vie du sportif : évènement marquant, changement d’alimentation/d’entraînement, évènement familial, infections récentes… ainsi que pour faire le bilan de l’
état nutritionnel du sportif en mesurant notamment :
- Poids (variation récente ?)
- Masse grasse (variation récente ?)
- Rapport eau/masse maigre (73%) : dans le surentraînement ce rapport se réduit car perte d’eau relative accompagnant l’augmentation de viscosité plasmatique et d’hématocrite.
Un surentraînement est alors diagnostiqué si les examens réunissent les critères suivants :
- Contre-performance avérée depuis plus de deux mois
- Minimum de 4 symptômes physiques et 4 symptômes psychologiques
- Au moins 20 items cochés sur le questionnaire et 3 indices inférieurs à 10/20
Dans le cas où un sportif est déclaré surentraîné, la conduite à tenir est simple et consiste pour ce dernier à prendre soin de lui :
- Réduire la charge d’activité physique et permettre une bonne récupération de la fonction musculaire
- Analyser la nutrition et corriger les erreurs
- Rechercher les « épines irritatives » causales qui ont favorisé le basculement vers cet état et les corriger
L’obstacle à franchir sera celui de la longueur de la récupération qui peut prendre plusieurs mois, mais le sportif devra se rappeler que même si cela lui parait dur, il lui faut en fait seulement s’adonner au cocooning 😊
ANNEXES
QUESTIONNAIRE SURENTRAÎNEMENT (Version complète) :
Tableau I: Grille d’évaluation du score de surentraînement (Legros et al. 1993)
1- Mon niveau de performance sportive/ mon état de forme a diminué Oui Non
2-Je ne soutiens pas autant mon attention Oui Non
3-Mes proches estiment que mon comportement a changé Oui Non
4-J’ai une sensation de poids sur la poitrine Oui Non
5-J’ai une sensation de palpitations Oui Non
6-J’ai une sensation gorge serrée7-J’ai moins d’appétit qu’avant Oui Non
8-Je mange davantage Oui Non
9-Je dors moins bien Oui Non
10-Je somnole et baille toute la journée Oui Non
11-Les séances me paraissent trop rapprochées Oui Non
12-Mon désir sexuel a diminué Oui Non
13-Je fais des contre-performances Oui Non
14-Je m’enrhume fréquemment Oui Non
15-Je grossis Oui Non
16-J’ai des problèmes de mémoire Oui Non
17-Je me sens souvent fatigué Oui Non
18-Je me sens en état d’infériorité Oui Non
19-J’ai des crampes, des douleurs musculaires fréquentes Oui Non
20-J’ai plus souvent mal à la tête Oui Non
21-Je manque d’entrain Oui Non
22-J’ai parfois des malaises ou des étourdissements Oui Non
23-Je me confie moins facilement Oui Non
24-Je suis souvent patraque Oui Non
25-J’ai plus souvent mal à la gorge Oui Non
26-Je me sens tendu, nerveux, inquiet Oui Non
27-Je supporte moins bien mon entraînement Oui Non
28-Mon coeur bat plus vite qu’avant au repos Oui Non
29-Mon coeur bat plus vite qu’avant à l’effort Oui Non
30-Je suis souvent mal fichu Oui Non
31-Je me fatigue plus facilement Oui Non
32-J’ai souvent des troubles digestifs Oui Non
33-J’ai envie de rester au lit Oui Non
34-J’ai moins confiance ne moi Oui Non
35-Je me blesse facilement Oui Non
36-J’ai plus de mal à rassembler mes idées Oui Non
37-J’ai plus de mal à me concentrer dans mon activité sportive Oui Non
38-Mes gestes sportifs sont moins précis, moins habiles Oui Non
39-J’ai perdu de la force, du punch Oui Non
40-J’ai l’impression de n’avoir personne de proche à qui parler Oui Non
41-Je ne dors plus Oui Non
42-Je tousse plus souvent Oui Non
43-Je prends moins de plaisir à mon activité sportive Oui Non
44-Je prends moins de plaisir à mes loisirs Oui Non
45-Je m’irrite plus facilement Oui Non
46-J’ai une baisse de rendement dans mon activité scolaire ou professionnelle Oui Non
47-Mon entourage trouve que je deviens moins agréable à vivre Oui Non
48-Les séances sportives me paraissent trop difficiles Oui Non
49-C’est ma faute si je réussis moins bien Oui Non
50-J’ai les jambes lourdes Oui Non
51-J’égare plus facilement les objets (clés...) Oui Non
52-Je suis pessimiste, j’ai des idées noires Oui Non
53-Je maigris Oui Non
54-Je me sens moins motivé, j’ai moins de volonté, moins de ténacité Oui Non
Mettre une croix pour se situer entre ces deux extrèmes :
Mon état physique :
Grande forme <------------------------------------------------------------> Méforme
Je me fatigue :
Plus lentement <------------------------------------------------------------> Plus vite
Je récupère de mon état de fatigue :
Plus vite <------------------------------------------------------------> Plus lentement
Je me sens :
Très détendu <------------------------------------------------------------> Très anxieux
J'ai la sensation que ma force musculaire a :
Augmenté <------------------------------------------------------------> Diminué
J'ai la sensation que mon endurance a :
Augmenté <------------------------------------------------------------> Diminué
Avez-vous eu des difficultés particulières de compréhension des questions ?
oui non
Si oui, quelles sont les questions qui vous ont posé des difficultés
(Reporter les numéros)
QUESTIONNAIRE DE DÉTECTION SIMPLIFIE :
1) Mon niveau de performance sportive/mon état de forme ont diminué
2) Je dors moins bien
3) Je fais des contre performances
4) J’ai plus souvent mal à la tête
5) Je me sens nerveux, tendu, inquiet
6) Mon coeur bat plus vite qu’avant à l’effort
7) J’ai perdu de la force, du punch
8) Je ne soutiens pas autant mon attention
9) Je somnole et baille dans la journée
10) Je me sens souvent fatigué
11) J’ai parfois des malaises ou des étourdissements
12) Mon coeur bat plus vite qu’avant au repos
13) Je me blesse facilement
14) Je m’irrite plus facilement
15) Mon entourage trouve que je deviens moins agréable à vivre
16) J’ai les jambes lourdes